Mea Culpa d’une consommatrice de fast-fashion

Ma prise de conscience sur les conséquences désastreuses de la fast-fashion et de mes propres habitudes de consommation

Il n’y a pas si longtemps, je ne me posais pas de questions avant d’acheter un vêtement. Faire du shopping était un passe-temps comme un autre, un acte que l’on fait machinalement lorsqu’on a besoin de s’aérer la tête, envie de se faire un petit plaisir ou d’un peu de nouveauté dans son dressing. L’occasion de se retrouver entre copines ou en famille pour une virée dans les magasins.

Est-ce que je lisais les étiquettes ? Pas vraiment. De toute façon, la nuance entre acrylique, polyester et viscose était assez floue pour moi. Au mieux, avais-je jeté un œil au pays de fabrication, mais la vue d’un « Made in China » ne m’avait jamais conduit à reposer un vêtement en rayon.

Depuis toujours, je fréquentais les enseignes de fast-fashion : Zara, H&M, Mango, Etam, Naf-Naf et j’en passe. Que d’heures passées à arpenter les rayons à la recherche d’une belle pièce à prix attractif pour mon budget d’étudiante. Puis, lorsque j’ai commencé à travailler, j’ai enfin pu m’offrir quelques pièces de ces enseignes haut de gamme qui m’avaient toujours fait rêver : bonjour Sezane et le trio magique Sandro, Maje, Claudie Pierlot. Les soldes étaient une bonne excuse pour « craquer » pour de belles pièces sans se ruiner. Le fait d’avoir un peu attendu suffisait à me donner bonne conscience de ne pas m’être fait avoir par ce système en payant le prix fort.  Pour autant, je ne me suis jamais considérée comme une accro au shopping. En privilégiant la qualité sur la quantité, je me pensais raisonnable dans mon rapport à la mode.

Jusqu’à ce que je me rende compte que ce comportement n’était en rien raisonnable

J’ai commencé à me renseigner sur les fibres textiles à l’occasion de la préparation d’un entretien d’embauche. Les matières premières, les méthodes et les foyers de production. De fil en aiguille, je me suis plongée dans les méthodes de fabrication de nos vêtements. J’ai visionné des documentaires sur le sujet … et je me suis pris une énorme claque. Du genre de celle qui retourne tout en vous, et vous fait enfin ouvrir les yeux.

Tête dépitée d'un petit chien carlin portant une veste en jeans.
Gloups.

The True Cost, Udita Arise, La Mode à Mort, Cash Investigation, Le Monde selon H&M. Ces vidéos ont mis des visages, des histoires, des vies sur ce qui n’avait été pour moi que des mots. J’ai suivi le quotidien de Nargis Buya et Ratna Miah à l’usine, les journées de travail sans fin, les cadences inhumaines, les traitements toxiques des vêtements, le manque de mesures de sécurité, les bâtiments insalubres où elles travaillent, les retenues de salaire injustifiées. L’incapacité de sortir de cette situation, le manque d’opportunités, d’alternatives pour ces femmes qui n’ont pas eu la chance de recevoir d’éducation.

J’ai vu ces vies déchirées, anéanties par l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh. Cette jeune femme qui a perdu ses jambes, écrasées sous les décombres. Cette dame qui s’était sacrifiée toute sa vie pour ses deux filles décédées sous les gravats, laissant derrière elles deux jeunes enfants orphelins.

J’ai ressenti l’impuissance face aux donneurs d’ordre, les mastodontes de la fast-fashion, qui poussent à la production toujours plus rapide, toujours moins chère, sans en assumer les conséquences.

« I wish people would buy clothes with a conscience. My desire is that what’s happening now will never be repeated. That people who are buying clothes abroad stop and think about how much they buy it for … and how much is the true cost for us here. »

Ratna Miah, ouvrière du textile au Bangladesh, source : Udita Arise

J’ai attendu d’être témoin de cette exploitation humaine et environnementale pour me rendre compte de la réalité. Et ça a provoqué en moi un déclic : je ne participerai plus à ce système insensé et insensible.

La fast-fashion nous a fait oublier le vrai coût des choses

Oui, elle donne accès à des vêtements et accessoires tendances, à bas coût et accessibles à presque tous. Mais payer 10€ pour un haut dans une de ces enseignes, c’est payer pour un vêtement qui a réduit à un état de quasi-esclavage les ouvriers du textile, pollué les sols et les eaux, poussé à la déforestation ou contribué à l’exploitation polluante du pétrole. C’est payer pour un vêtement qui a été traité à l’aide de composés chimiques toxiques, qui a fait l’équivalent d’un tour du monde du coton à la boutique, et qui finira par être porté une ou deux fois avant de finir sa vie oublié quelque part dans notre armoire.

Ce mode de fonctionnement, qui est entré dans nos mœurs et nos habitudes, est fondamentalement anormal et destructeur. Toutes ces années, en achetant ces marques, fast-fashion ou haut-de-gamme, j’ai cautionné plus ou moins consciemment ce système. En achetant ces vêtements, j’ai financé cette exploitation humaine et environnementale. En lisant les magazines glamour, j’ai adhéré à cette pensée consumériste qui nous fait croire que notre bonheur passe par la consommation, par le regard des autres sur nos possessions, sur notre style. Et j’ai acheté, sans même y réfléchir, des vêtements par dizaines, pour en porter à peine la moitié. Quel énorme gâchis.

Depuis que j’ai visionné ces documentaires, j’ai fait un petit bout de chemin en questionnant mon rapport à la mode et à ma consommation de façon plus générale

Cela fait cinq mois que je n’ai pas acheté de vêtement neuf. Je ne me promène pas en haillons dans la rue telle une Cendrillon déchue et je ne suis pas malheureuse, au contraire. Le temps que je n’ai pas perdu à fouler les magasins, je l’ai passé à m’informer, à trouver des alternatives, des marques engagées. Je n’avais jamais eu ce sentiment d’accomplissement comme aujourd’hui. Celui de lutter, à ma manière, contre une industrie qui n’a plus de sens et qui fonce droit dans le mur, emportant avec elle notre planète et notre futur.

On dit souvent que les vêtements sont un moyen d’affirmer qui l’on est. Mon dressing est devenu un acte militant, conscient et engagé. Je souhaite partager avec vous le fruit de mes recherches pour vous montrer qu’une mode plus juste et plus responsable est possible.

Etes-vous prêt à me suivre dans cette aventure ?

6 Replies to “Mea Culpa d’une consommatrice de fast-fashion”

  1. Sympa cet article Alice ! J’ai une amie qui a créé FAIRLY MADE, ça peut t’intéresser !

  2. Bravo Alice pour cet article enrichissant, et tellement bien écrit! J’attends la suite avec impatience 😊

  3. Trop top Alice 🙂 hâte de lire tes prochains articles
    Céline

  4. Bravo Alice pour cet article très intéressant qui ouvre les yeux et donne envie de s’y mettre, hâte de lire les prochains 🙂

  5. Hello Alice ! Superbe article, qui donne envie d’en lire d’autres ! Bravo pour ta démarche !

  6. Un premier article riche de sens et très bien écrit, félicitations !

    J’ai hâte de lire la suite 🤗 et d’apprendre quelles sont les solutions qui s’offrent aux consommatrices en pleine envie de changement 🤔

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